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Sortir de la crise climatiqueen plantant des arbres ?
Tom Joye

Sortir de la crise climatiqueen plantant des arbres ?

La saison des plantations arrive à grands pas et, soyons honnêtes, planter des arbres est toujours une bonne idée. De préférence il y a déjà longtemps, mais aujourd’hui ou demain, c’est aussi une bonne chose. C’est le seul moyen de maintenir nos villes et nos communes quelque peu vivables à l’avenir. Les décideurs politiques l’ont compris dans de nombreux endroits et ils exhortent leurs administrations à veiller à ce que le nombre d’arbres ne diminue pas pendant leur mandat. La question légitime à se poser est de savoir si le nombre d’arbres est le bon indicateur de réussite. Pouvons-nous sortir de la crise climatique en plantant des arbres ? Même si j’applaudis la plantation d’arbres, la réponse à ces questions est malheureusement « non ».

En effet, les nombreux services écosystémiques que les arbres nous rendent (songez au refroidissement, au stockage du carbone, à la purification de l’air…) sont liés au volume occupé par leur couronne, et non à leur nombre. Les services écosystémiques de tous ces petits arbres ne seront pas disponibles avant des décennies. S’ils deviennent grands un jour. Car la plupart des petits arbres des zones urbanisées, tant publiques que privées, sont malheureusement encore plantés dans des pots de fleurs magnifiés dans le bitumage. Vous pouvez deviner le résultat : au moment où les choses commencent à devenir intéressantes, l’arbre est contraint de renoncer. Dans le meilleur des cas, le jeu recommence : le triste carrousel des arbres à replanter.

Mais il y a aussi de bonnes nouvelles : dans de nombreux endroits, il y a déjà de grands arbres, avec de grandes couronnes, qui dispensent leurs services avec enthousiasme. Certes, ils laissent parfois tomber des feuilles dans la gouttière. Malheureusement, les décideurs politiques et les administrations sont beaucoup moins empressés à protéger ces grands arbres existants. Dans les travaux d’utilité publique, le réaménagement des rues ou les projets de construction privés, ils sont traités comme le parent pauvre. Nous n’allons pas imposer toutes sortes de tracasseries au maître d’ouvrage ou à l’entrepreneur pour sauver les arbres, n’est-ce pas ? Tout au plus un appel bien intentionné à épargner la verdure (« Nous avons fait de notre mieux, monsieur ! ») et, dans le meilleur des cas, le permis de construire comporte une obligation de préserver les arbres, mais sans mesures de protection concrètes, et sans conséquences si les arbres tombent tout de même. Malheureusement, ils ne tombent que plusieurs années après l’achèvement des travaux. Si je peux me permettre de donner un conseil à ces grands arbres : pour faire valoir leur point de vue, il vaudrait mieux qu’ils meurent instantanément dès la première racine arrachée et qu’ils tombent. Le message serait plus clair.

Alors non, nous ne sortirons pas de la crise climatique en plantant. Mais pour l’amour de Dieu, protégeons mieux le patrimoine arboré dont nous disposons, qu’il soit public ou privé. C’est un appel aux urbanistes, aux architectes, aux entrepreneurs, aux maîtres d’ouvrage, aux gestionnaires forestiers et aux consultants en ingénierie forestière : unissons nos efforts et il sera agréable de vivre dans cette ville du futur.   

Tom Joye
Enseignant chez Inverde

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