En tant qu’architecte-paysagiste, je ne peux que souligner la valeur ajoutée que représente une jolie piscine dans un jardin privé, créant une oasis de détente et de relaxation entre amis ou membres de la famille en harmonie avec l’espace extérieur. Et, de fait, depuis la période Covid, le carnet de commandes des piscinistes était bien rempli. De nombreux propriétaires de jardin voulaient disposer au plus vite d’une piscine.
Mais il faut bien admettre que les projets exécutés ne se souciaient guère de leur intégration dans leur environnement immédiat. L’emplacement choisi dans le jardin n’était pas toujours idéal, les matériaux choisis n’étaient pas forcément assortis aux autres constructions présentes, les techniques mises en œuvre n’étaient pas les plus adéquates. Et il est rare que le pisciniste exécutant évoque même la nécessité de faire appel à un paysagiste pour aborder le projet dans son ensemble et apporter la cohérence et l’harmonie requises.
Mon avis est qu’il serait bien plus judicieux de stimuler le raisonnement inverse. Au lieu de contacter l’architecte paysagiste après la signature du bon de commande ou la réalisation de sa piscine de rêve, il convient, au contraire, de l’impliquer dès la phase initiale du projet. Il pourra participer à la réflexion avec tous les intervenants pour intégrer au mieux les aspects esthétiques et créatifs, mais aussi techniques. Non seulement ceci évitera de devoir creuser plus que nécessaire, d’arracher les canalisations déjà enfouies ou de choisir un emplacement défavorable, mais également de subir d’inutiles frustrations ultérieures parce qu’il n’est plus possible d’évoluer comme on le voudrait.
L’intervention d’un architecte-paysagiste en partenariat avec le pisciniste et autres intervenants du projet est bénéfique pour proposer une conception en parfaite harmonie avec les autres éléments du jardin mais se révèle être aussi un atout majeur en termes de gains de temps et d’argent pour le propriétaire. Prenons l’exemple d’un projet en cours de piscine « miroir », une piscine à débordement totalement intégrée dans le paysage, où les arbres et la végétation se reflètent à la surface de l’eau. Le fait de réfléchir en commun à l’emplacement des équipements enfouis, en l’occurrence dans une seule tranchée centrale, facilitera plus tard le raccordement des équipements nécessaires à la terrasse, au local technique pour la piscine, au robot tondeuse, à l’arrosage automatique du jardin… Ainsi, il est parfaitement possible de commencer par implanter la piscine et puis de s’occuper du jardin, parce que tout a été bien pensé et préparé à l’avance.
Une autre tendance marquante est la préférence pour les matériaux naturels tels que la mosaïque, le carrelage en pierre naturelle ou en grès cérame, à la place des liners, en parfait accord avec les autres matériaux présents dans le jardin. Les étangs de baignade et les piscines naturelles font également partie aujourd’hui des possibilités qui s’offrent aux amateurs de pièces d’eau. Leur intégration au paysage est plus naturelle, il faudra juste accepter consciemment de s’accommoder de l’entretien plus régulier des plantes aquatiques, de l’existence d’une vie aquatique plus importante et de la présence d’algues et de verdure fréquente sur les parois de la piscine.
Mais, comme relevé, si le projet est bien réfléchi et bien préparé, quel qu’il soit, le plaisir sera assurément au rendez-vous. Et pour longtemps !
François Charlier
Architecte-paysagiste-gérant