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Une question d’expérience et d’adaptation au quotidien
Une vue du parcours, ici au trou n° 3.

Une question d’expérience et d’adaptation au quotidien

Bien entretenir un parcours de golf est un sacré défi

Le Royal Bercuit Club, fondé en 1967, couvre environ 60 hectares et est entouré de bois et de villas, le long de trois vallées, au sein d’un site de quelque 200 hectares. Avec ses aires de départ, ses abords, des obstacles naturels, des greens, un terrain de golf nécessite un entretien quotidien. Pour en savoir un peu plus sur les enjeux actuels, nous nous sommes entretenus avec Jean-Marc Dokier, le « greenkeeper » (intendant de parcours), qui compte plus de trente ans d’expérience et est par ailleurs vice-président Wallonie de la Greenkeepers’ Association of Belgium.

Aujourd’hui, la principale problématique est la même pour tous : comment s’adapter au changement climatique et à ses répercussions. Les grosses chaleurs, les fortes pluies, les variations de température sont au cœur des préoccupations de tout greenkeeper engagés. Le changement climatique impose désormais de parfaire régulièrement ses connaissances et de repenser les méthodes de gestion de la fertilisation et de l’arrosage, notamment à cause des restrictions de consommation d’eau.  Mais pour bien comprendre ce qu’implique l’entretien d’un parcours de golf, il faut se pencher quelque peu sur la saisonnalité, le cycle des saisons. 

La nature est également bien présente aux abords immédiats du club house.

Au printemps, le début des beaux jours marque le retour intensif de l’entretien du gazon. Le greenkeeper doit aérer le sol pour stimuler le développement racinaire et favoriser la pénétration des amendements, procéder à un éventuel sablage pour améliorer la qualité du sol, scarifier et éliminer les mauvaises herbes, tondre régulièrement et rouler les greens, vérifier le système d’irrigation.  En été, il s’agira surtout de vérifier qu’aucune zone ne souffre d’une déficience en eau, ceci d’autant plus que les périodes de canicule se multiplient ces dernières années. En automne, c’est bien connu, « les feuilles mortes se ramassent à la pelle », et il faut les enlever chaque jour, il convient aussi de procéder à un regarnissage du gazon et à nouveau, aérer le sol. Enfin, en hiver, le greenkeeper sera particulièrement attentif à l’apparition d’éventuelles maladies et s’attachera surtout à protéger le gazon des gelées, sans oublier d’effectuer la maintenance de l’équipement. 

Le Royal Bercuit Golf Club est logé dans un magnifique écrin de verdure.

Le problème de la disponibilité en eau

Une conséquence immédiate du dérèglement climatique est l’émergence de plus en plus fréquente de périodes de canicule en été. Et c’est un vrai challenge pour le greenkeeper. « C’est vrai que le changement climatique n’est pas une nouveauté, on en parle depuis longtemps. Mais force est de constater que le phénomène se reproduit d’année en année.  Avant, nous savions qu’une période de canicule était généralement suivie par un gros orage et cela alimentait à nouveau nos réserves d’eau. Mais aujourd’hui, les périodes de grosse chaleur sont de plus en plus longues et intenses ; il faut réfléchir aux moyens de reconstituer des réserves d’eau sur toute l’année et pas seulement face à une canicule ponctuelle » confie Jean-Marc Dokier.  « Ici, au Royal Bercuit Golf Club, nous parvenons à capter l’écoulement de l’eau provenant des routes privatives plus en hauteur, nous avons plusieurs bassins de rétention en fond de vallée, et nous réfléchissons à l’utilisation des eaux usées de la station d’épuration présente sur le site » précise-t-il. 

La végétation est omniprésente, comme on le voit ici, au trou n°5.

Adapter les interventions

L’interdiction des produits phytosanitaires complique évidemment la tâche du greenkeeper.  Il existe de bons produits pour stimuler la croissance du gazon et le renforcer, tels que les biostimulants, les extraits d’algues. Mais il en va autrement pour les substituts aux produits phytosanitaires. Et il faut alors adapter la méthode de travail pour gagner en efficacité.  « Je regrette un certain manque de soutien de la part de l’industrie pour ce petit marché qu’est le golf wallon. Aussi, à mon niveau, et dans le cadre de l’association des greenkeepers de Belgique, j’entretiens des contacts avec des collègues, le monde académique, j’œuvre à la mise en place d’une cellule de testing pour valider l’efficacité des produits disponibles sur le marché, à la rédaction de tableaux comparatifs et de méthodologies de travail afin de maximiser l’efficacité des substances naturelles en fonction des spécificités d’un terrain de golf. Les changements climatiques et législatifs nous imposent d’avancer, de poursuivre les recherches. Je pense que d’ici trois à cinq ans, nous serons capables de disposer d’un cahier des charges plus novateur et plus précis »  s’enthousiasme Jean-Marc Dokier. 

« En outre, il faut savoir que le budget d’entretien annuel est très conséquent.  Le matériel de tonte pour un green est très coûteux, cela se chiffre en dizaines de milliers d’euros. La robotisation, le zéro carbone, tout cela a un coût aussi. Ajoutons à cela que la pratique du golf s’étend maintenant de mars à novembre, donc la période « creuse » propice aux activités d’entretien se réduit. C’est également une contrainte pour nous.   Il faut vraiment repenser le travail, au gré des évolutions climatiques et autres » conclut Jean-Marc Dokier.  

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